Pr Christine Erbe : « Le COEST s’engage pour un développement durable »

oct. 02, 2023

Pouvez-vous élaborer sur la transition du Centre for Marine Science and Technology en Australie au Centre of Ocean and Earth Science and Technology (COEST) à Maurice ?

 

Le centre est connu sous le nom de Centre for Marine Science and Technology en Australie, mais à Maurice, il porte le nom de Centre of Ocean and Earth Science and Technology. En Australie,nous sommes en opération depuis 40 ans, avant même la création de Curtin university . Au fil des années, notre champ de recherche s'est élargi pour inclure des études terrestres impliquant des chauves-souris, des oiseaux et d'autres créatures terrestres. Cependant, en Australie, nous avons conservé le nom d'origine, Centre for Marine Science and Technology, principalement en raison de la réputation établie qui y est associée. Mais lorsque nous avons étendu nos activités à Curtin Mauritius, nous avons décidé de modifier le nom pour refléter notre champ d'action plus large, englobant la recherche terrestre.

 

Quels sont les objectifs principaux de cette nouvelle entreprise ?

 

Au final, ce que l’on recherche, c’est d'avoir un impact positif sur l'environnement. Bien sûr, nous comprenons la nécessité du développement industriel et de la production d'énergie, mais nous prônons des pratiques durables. Nous savons que cela peut entraîner des coûts supplémentaires et nécessiter des modifications, mais nous visons à collaborer avec l'industrie, le gouvernement et les groupes de conservation pour promouvoir et soutenir le développement et la croissance durables. Notre expertise en acoustique nous permet de comprendre et de surveiller efficacement l'environnement, ce qui facilite l’identification et la gestion des impacts (sonores en particulier) de diverses activités.

 

Le Centre est renommé pour ses recherches en acoustique sous-marine, notamment en matière de surveillance acoustique passive pour la conservation. Pourriez-vous partager des projets récents illustrant les applications pratiques de vos recherches en soutien à l’Economie Bleue et à la durabilité environnementale ?

 

Notre travail implique une étroite collaboration avec les ports et les industries offshore. Lorsque ces entités planifient une expansion ou construisent de nouvelles infrastructures, nous les aidons à identifier la présence et les schémas saisonniers de la faune dans ces zones. Par exemple, lors de phases de construction bruyantes, comme l'enfoncement de piliers dans le sol pour de nouveaux quais, nous pouvons conseiller des moments plus calmes en fonction de l'activité animale. Nous déployons des efforts similaires auprès de diverses industries offshore, veillant à ce que les activités de construction ne coïncident pas avec les périodes critiques, comme pendant la saison de reproduction, pour des espèces telles que les baleines à bosse ou des poissons.

 

La collaboration et les partenariats semblent être au cœur de votre mission. Comment ces partenariats contribuent à votre objectif de faire une différence pour les personnes et la planète ?

 

Les partenariats sont fondamentaux pour notre travail. Bien que nous fournissions des outils acoustiques pour surveiller l'environnement et détecter les facteurs de stress, nous reconnaissons le besoin de collaborer avec des experts dans divers domaines. Les biologistes, les écologistes, les médecins, les ingénieurs, les physiciens, les data scientists, les computer scientists, les organisations non gouvernementales, les gouvernements et les industries sont tous des partenaires essentiels. En mettant en commun notre expertise collective, nous pouvons efficacement relever les défis environnementaux et nous assurer que nos résultats sont utilisés à leur plein potentiel.

La technologie acoustique a des applications diverses, notamment dans la recherche sur le changement climatique et les paysages sonores marins. Pouvez-vous partager des projets ou des solutions innovants ?

 

Notre implication s'étend à la collaboration avec les industries pour le développement de nouvelles technologies. Par exemple, nous collaborons avec des ingénieurs dès les premières étapes des projets pour prédire et atténuer les problèmes de bruit. Dans la recherche sur le changement climatique, nous utilisons l'acoustique sous-marine pour surveiller la fonte des icebergs en Antarctique. En enregistrant et en analysant les événements de rupture de la glace sur plusieurs enregistreurs, nous pouvons identifier la source des icebergs à partir de plates-formes glaciaires spécifiques. Nous nous concentrons également sur la surveillance météorologique offshore, en utilisant l’acoustique pour évaluer la force du vent et la localisation des tempêtes.

 

L’éducation et la formation jouent un rôle significatif dans votre travail. Comment le Centre collabore-t-il avec les étudiants et les chercheurs, tant au niveau local à Maurice que à l'échelle mondiale, pour promouvoir le partage des connaissances et cultiver la prochaine génération d'experts en acoustique sous-marine et dans des domaines connexes ?

 

Nous accordons la priorité aux initiatives éducatives et de formation. Nous engageons les citoyens en rendant nos données accessibles au public, en les encourageant à participer à la surveillance et à l'identification de la vie marine, tels que les baleines à bosse ou les orques à Maurice. La collaboration avec la Mauritius Oceanography Institute permet à leurs chercheurs d'utiliser des outils acoustiques pour leurs études. Nous travaillons également avec Odysseo Oceanarium, la Mauritius Wildlife Foundation (MWF), et Ebony Forest, sur divers projets ayant trait à la protection des environnements marins et terrestres. Nous soutenons également les étudiants de troisième cycle et sommes en train d'introduire huit étudiants en doctorat. Le plan est d'établir une chaîne de transfert de connaissances, en commençant par ces experts qui, avec le temps, encadreront des étudiants de premier cycle et d'honneurs. En fin de compte, nous visons à offrir des programmes de sensibilisation, notamment des conférences aux entreprises, aux entités gouvernementales et au grand public, afin de sensibiliser à notre travail et à son importance.