Géraldine Darpoux et la « fabrique de patrimoine vivant »

avr. 22, 2024

Lors du Business Review en février, l'éloquence captivante de Géraldine Darpoux a galvanisé l'assistance. Qui est-elle et quel est son rôle chez Eclosia ? La nouvelle consultante est une entrepreneuse culturelle passionnée par la préservation du patrimoine et le développement de l'identité nationale. Elle travaille actuellement, avec la Cultural project manager, Maya de Salle, sur des projets innovants.

 

Originaire de Maurice, Géraldine revient dans son pays natal après une vingtaine d’années et un parcours professionnel riche et diversifié à l'international. Après deux années à l'Institut Français du Cambodge, elle y développe quelques années plus tard l'entreprise culturelle Phare Cambodian Circus, un cirque social professionnel à Siem Reap, situé aux portes d'Angkor. Son engagement se poursuit au Mozambique, où elle co-fonde 16NetO, un espace hybride dédié aux artistes émergents et à l'innovation. De retour en France, elle œuvre pour le développement d'un tiers-lieu axé sur l'agroécologie à Marseille et devient consultante culturelle pour l'ambassade de suisse en Tanzanie et au Mozambique.

 

Le choix de revenir à Maurice s'est imposé à Géraldine après une longue réflexion sur l'identité mauricienne. Une question qui la suit depuis ses études à Sciences Po et en management des Institutions Culturelles et qui l'amène à explorer la question de l'identité mauricienne et aux moyens de créer du lien social dans notre société. “Dans l’éducation que Cédric, Astrid et moi avons reçu, il y a toujours eu cette idée que nous avions une responsabilité vis-à-vis de notre pays. Pour moi la culture a toujours été un outil pour répondre à de nombreuses questions qui se posent dans la société mauricienne,” indique-t-elle.

Au sein d'Eclosia, Géraldine est chargée de développer des « fabriques de patrimoine vivant », des projets d'entrepreneuriat culturels, tant en interne qu'en soutenant des entrepreneurs externes. Finalement, l’objectif est de préserver le patrimoine et de construire une identité mauricienne dynamique. Actuellement, elle est impliquée dans deux projets internes majeurs : la création d'un centre dédié à la préservation du patrimoine photographique et audiovisuel mauricien en collaboration avec le musée de la Photo, et pour l’interne, la transformation de La Carrière en un pôle créatif et innovant autour de la cuisine de terroir.

 

« Nous cherchons à explorer et réinventer la cuisine mauricienne. Le projet implique une collaboration avec Nizam Peeroo, ancien chef du Labourdonnais, pour mettre en place un pôle de formation et de recherche, » explique-t-elle au sujet de La Carrière.

Elle souligne l'importance cruciale de la recherche sur la gastronomie locale. Bien que des initiatives significatives aient été lancées par d'autres chefs comme Noël Chelvan et en interne par Maya de Salle et Yovan Jankee, Sustainability & Communication manager chez Panagora, à travers le rapport intitulé « Manze lontan », il demeure un vaste champ à explorer. Cette approche s'inscrit parfaitement dans sa vision d'un « patrimoine vivant », c'est à dire une mémoire à collecter, préserver et partager aujourd'hui pour pouvoir expérimenter et construire les fondations du patrimoine de demain.

 

La collaboration avec Maya de Salle, anthropologue de formation et entrepreneure, constitue un élément clé de la démarche de Géraldine. Ensemble, elles documentent les aspects matériels et immatériels du patrimoine mauricien : « La collaboration avec Maya est cruciale, explique Géraldine. Son expertise en anthropologie apporte une compréhension approfondie des comportements historiques et présents, liée à la valorisation de la culture. Elle joue un rôle essentiel dans la structuration et la documentation des projets, combinant recherche, écriture, et bienveillance. »

 

Le parcours de Géraldine Darpoux illustre son engagement continu en faveur de l'entrepreneuriat culturel. « Mon parcours m'a amenée à travailler sur des projets passionnants à travers le monde et pourtant c'est ici, chez moi, que j'ai toujours voulu construire, mettre ma modeste pierre à l'édifice. Aujourd'hui j'espère y contribuer à ma hauteur en développant des entreprises qui soient des fabriques de patrimoine vivants au service d'une identité mauricienne forte et dynamique. »