Onze collaborateurs explorent l’émotion avec Chris Edmund
Hier matin, La Carrière, à Moka, s’est transformée en petite scène pour accueillir une masterclass animée par Chris Edmund, metteur en scène britannique, dramaturge et pédagogue renommé qui a formé, entre autres, l’acteur Hugh Jackman. Il était accompagné du Directeur de Santral Art Ltd, Romi Poonoosamy. Le département Art, Culture et Sports y avait réuni onze collaborateurs venus de plusieurs entreprises du groupe. Certains avaient déjà joué, d’autres découvraient le théâtre pour la toute première fois.
Après un rapide tour de table, place aux exercices. Pas de texte à apprendre, juste un extrait de La Mouette d’Anton Tchekhov, quelques mots tirés du passage, et un duo d’acteurs face à face. Anne-Sophie Rousseau de Maurilait ouvre la séance avec le mot « lac ». Elle le dit sérieusement. Puis en riant. Puis plus calmement, sans gestes inutiles. Elle avance vers Rohan Bokhoree d’ECS. Chris Edmund ne la quitte pas des yeux. « Prenez votre temps, ralentissez, c’est important », conseille-t-il. Puis il ajoute : « Il faut perdre un peu de votre armure. La fragilité, la vulnérabilité, ce sont des choses que l’on aime regarder. Les choses simples sont souvent les plus fortes. »
Le tour vient à Cédric Veerasamy et Rishta Gooljar d’Avipro. Rishta a choisi le mot « rêve ». Elle le prononce lentement, avec douceur, puis sur un ton amusé. Elle rit, tente ensuite de le dire avec colère. Chris sourit : « La colère est l’émotion la plus facile. La fragilité, elle, est beaucoup plus puissante. » Un participant lui demande comment trouver cette justesse. « Le jeu d’acteur, c’est un processus. L’acteur doit répondre à ce qui est devant lui. C’est l’art du moment présent », répond-t-il.
Cédric, lui, s’empare du mot « mendiant ». Il grelotte, tombe à genoux, s’imprègne du personnage. Les autres observent, captivés. Puis vient le duo Neeraj Coothoopermal de Panagora - Céline Roussety d’Odysseo avec le mot « bientôt ». Cru. Simple. Puis plus doux, plus tendre. À la fin, Vanessa Nursimloo confie avoir apprécié l’exercice. « J’ai ressenti l’émotion. Cela m’a touchée. »
Chris Edmund se dit enchanté. Il ne savait rien du niveau des participants, mais il a trouvé face à lui des personnes prêtes à se livrer, à tenter, à s’ouvrir. À 75 ans, il confie qu’il trouve encore dans ces moments une joie intacte.
Avant de partir, il leur laisse un dernier conseil : se retrouver, lire, créer. Ne pas attendre. Faire. Et si cette masterclass avait réveillé plus qu’une simple envie de jouer ?