Journée mondiale de l’environnement - Combattre la pollution plastique

Jun 05, 2023

Caroline Rault, Chief sustainability officer : “ La collaboration est essentielle pour progresser sur la question de la pollution plastique »


Quels sont les prochains projets ou développements prévus dans notre stratégie de lutte contre la pollution plastique ?

 

Depuis plusieurs années maintenant, les compagnies du groupe Eclosia se sont lancées dans une transition plastique ambitieuse qui a vu se concrétiser nombre d’actions que vous citez plus haut. 

Un chemin dont les maitres-mots ont été et continuent d’être :

  • Ecoconcevoir et innover, en s’appuyant sur des analyses de cycles de vie pour nous aider dans nos décisions,
  • Réduire l’utilisation et éliminer dès que cela est techniquement, économiquement possible et meilleur pour l’environnement,
  • Chercher à donner plusieurs vies aux plastiques à travers des projets d’économie circulaire pour les produits existants et ceux à venir,
  • Sensibiliser pour que les plastiques usagés ne finissent plus dans la nature et dans la mer.

C’est autour de ces axes que se développent les projets des entreprises du groupe.

 

Au niveau d’Eclosia, quels sont les principaux défis auxquels nous sommes confrontés en matière de réduction de l’utilisation de plastique dans nos opérations ?

 

Les principaux défis sont techniques et technologiques.

 

Sur l’existant, nous cherchons toujours à éliminer le plastique inutile, à utiliser le plastique le plus adapté à l’utilisation recherchée et à diminuer au maximum la quantité utilisée. Néanmoins, nous sommes confrontés à des limites : la diminution d’épaisseur, par exemple, se confronte souvent à la résistance qu’un emballage doit aussi apporter.

 

Aussi, à date, certaines solutions à l’échelle industrielle n’existent pas encore pour remplacer le plastique qui, ne l’oublions pas, reste un matériau hautement efficace pour protéger et préserver les produits alimentaires notamment.

 

Quand les solutions technologiques existent, un autre défi est l’aspect économique car pour perdurer une organisation doit trouver des solutions économiquement soutenables pour ses consommateurs et son activité.

 

La bonne nouvelle c’est que la prise de conscience est massive et mondiale. Les choses bougent vite et je crois que les années qui arrivent verront des technologies révolutionnaires se développer et devenir accessibles au plus grand nombre.

Comment Eclosia collabore-t-elle avec d’autres acteurs de l’industrie pour promouvoir des solutions durables et réduire la pollution plastique ?

 

La question des partenariats et des collaborations est centrale sur ce sujet pour progresser, ensemble.

De plus, développer le tissu économique local, le « Made in Moris » est une considération historique et de première importance pour le groupe Eclosia.

Aussi, nous nous engageons, auprès des institutions pour booster les échanges et les progrès. Je peux ici citer notre engagement historique dans le programme Signe Natir et le comité de « Sustainable and Inclusive Growth » de Business Mauritius avec notamment le lancement du Club des Entrepreneurs de l’Economie Circulaire.

En direct, nos entreprises travaillent sur des projets, notamment de circularité avec par exemple un projet entre Maurilait et la société PIM pour donner une seconde vie à des emballages en plastique recyclable.

Récemment, Eclosia s’est engagé comme partenaire du projet Mauritius Plastic Challenge, porté par Mission Verte.

Enfin, nous collaborons aussi avec l’Université de Maurice car nous croyons en la capacité à innover localement.

 

Beaucoup a été fait. Selon vous, que faut-il faire de plus pour résoudre le problème ?

 

Le sujet est technique et complexe, la solution n’est pas unique et les progrès résident dans des actions diverses et multiples.

Je vois néanmoins se dégager des axes structurants :

  • En premier lieu et avant tout : la collaboration entre les différents acteurs impliqués: gouvernement, entreprises, institutions, ONGs, citoyens…car c’est bien à travers les actions de tous et ensemble que nous allons progresser,
  • Ensuite, construire les filières de recyclage et booster une économie circulaire locale des plastiques. En effet, éliminer totalement le plastique n’est pas possible à date et nous devons donc gérer sa fin de vie. Pour y parvenir, c’est bien le dialogue public-privé qui est primordial et de concevoir un cadre fiscal adapté et incitatif qui soutienne l’émergence de l’économie circulaire et la mise en œuvre de projets innovants.
  • Aussi, soutenir l’innovation ainsi que la diffusion des avancées sur le plan international pour accélérer la transition plastique des entreprises,
  • Enfin, sensibiliser toujours plus les citoyens pour que les plastiques usagés ne finissent surtout pas dans la nature.

 

Les produits biodégradables sont-ils la solution ?

 

Je ne crois pas en une solution miracle appliquée uniformément mais dans un éventail de solutions et d’actions.

 

Dans ce cas précis, la terminologie créée la confusion. Des informations multiples, souvent approximatives voire mauvaises circulent mettant en erreur le consommateur et encore une fois, le sujet est complexe.

 

Tout d’abord, biodégradable ne veut pas forcément dire que ces plastiques ne sont pas d’origine fossile : les PCL, PVA et PBS sont biodégradables mais d’origine fossile ; en revanche, l’amidon modifié, le PLA et le PHA sont d’origine renouvelable et sont biodégradables.

Ensuite, biodégradable ne signifie pas forcément que ces plastiques se décomposent dans des conditions naturelles. Cela peut être le cas, mais pas forcément. Ainsi, le consommateur pourrait croire, à tort, que sa bouteille en PLA se décomposera avec le temps alors que, en fait, sa biodégradation dépend d’un certain nombre de variables, dont la température qui demande à être contrôlée. Jeté à la mer, le PLA deviendra lui-aussi source de microplastiques au même titre qu’un plastique non biodégradable.

 

Ainsi, si les produits concernés ne sont pas biodégradables en milieu naturel, les plastiques biodégradables doivent être triés des déchets non biodégradables afin qu’ils puissent intégrer des filières adaptées comme des unités de compostage.

 

Néanmoins, je ne suis pas du tout en faveur de les exclure de l’éventail des solutions : la barquette biodégradable et compostable d’AVIPRO se décompose rapidement dans des conditions de compostage même à la maison.

 

Je crois que les informations doivent être diffusées aux consommateurs pour éclairer ses choix, que les filières doivent se structurer et je crois que l’innovation va encore progresser sur tous ces sujets accroissant l’intérêt pour des bioplastiques biodégradables.